2022
Tiré à 450 exemplaires, 28 pages, format 14,8 x 10,5 cm, reliure cousue
10 images couleurs et textes extraits de cartes postales
Édité par Les Éditions de l’Épair
Directrices de la publication Sandy Berthomieu et Soraya Hocine
Œuvres photographiques Cyrielle Lévêque
Texte Marion Fournier
Design éditorial Cyril Dominger
Impression des couvertures en risographie Grégoir Dubuis, Édition La Nef des fous
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La micro-édition Les joueurs provient d’une collecte de cartes postales en couleurs datées des années 1990 et plus précisément des archives familiales de l’artiste. Ces cartes reproduites à très grande échelle et réalisées par des photographes anonymes représentent des paysages de bords de mer occupés par des êtres humains. Ces dernières ont été scannées jusqu’à entrer dans la trame de l’image. L’agrandissement permet de faire surgir des personnages non prévus initialement dans la prise photographique. Ces nouveaux fragments ne permettent pas de déceler le détail des visages. Pour autant, ils dialoguent avec des extraits de correspondances.
Les techniques artisanales du projet, sa reliure cousue ou encore, l’impression des quatre couvertures en risographie annonce une interrogation du médium photographique, de sa reproductibilité et de son usage. En opérant un nouveau montage de ces fragments de cartes postales, les récits s’intensifient. Qui sont les joueurs ? Les vacanciers ou les destinataires des cartes postales ? Les lecteurs de l’édition ou l’artiste ?
Micro-édition présentée à Arles Book Fair – Capitole 2022
Vendu 15 euros auprès de la maison d’édition
Mer nouvelle
Le fragment d’une photographie et celui d’une correspondance dialoguent sur chaque page de cet ouvrage. Dans un rectangle imprimé, deux femmes de dos vêtues de leurs robes de couleurs estivales marchent sous un soleil de plomb. Page suivante : vue sur des baigneurs dans une vague. Il semble que les clichés se situent tous au bord de l’eau. Un rocher, le sable, le maillot, les parasols, tout y est. Les mots suggèrent les voix des vacanciers. Grâce à ces indices parsemés, l’œil des plagistes est tenté de reconstituer le document : une carte postale. Or, le papier mat, les techniques artisanales et l’impression par risographie annoncent déjà la reconfiguration de ces souvenirs de vacances. Cyrielle Lévêque extrait de ses archives familiales des cartes. Elle focalise son attention sur les figures anonymes plutôt que sur les décors ou les lieux. Celles-ci sont mises en scène malgré elles.
La carte postale commerciale est décontextualisée. Imprimée en microédition sur calque, l’artiste va au-delà de la photographie, à la recherche de la trame de l’image, devenant couleurs. En déstructurant le document par le geste de coupe et de montage, l’artiste joue avec notre attention. Elle revisite les rituels de présentation de la carte postale – dont l’usage l’a rendue presque ordinaire – pour qu’en advienne une réorganisation possible du sens. Dès lors, les récits imaginaires peuvent se multiplier. Qui sont les joueurs ? Les vacanciers ou les destinataires ? L’artiste ou les lecteurs ? La carte initiale, bien qu’elle se laisse deviner, n’est plus et laisse place à de nouvelles pistes, remotivant d’un même élan les mots et les images.